Préserver ou non sa fertilité

« Je ne préserve pas ma fertilité

La préservation de la fertilité 

Chez les jeunes qui ont un pénis et des testicules

Déterminer si les spermatozoïdes sont arrivés à maturité

La première étape consiste à déterminer si les spermatozoïdes sont arrivés à maturité. En d’autres mots, il faut savoir s’ils sont assez développés pour pouvoir partager leur bagage génétique et ainsi avoir la capacité de féconder un ovule. En effet, pour préserver sa fertilité, il faut conserver des spermatozoïdes matures. Ça veut dire qu’il faut que la puberté soit assez avancée pour avoir la possibilité de préserver sa fertilité.

Ça peut représenter un enjeu pour les jeunes trans qui ont débuté la prise de bloqueurs hormonaux au début de leur puberté puisque les bloqueurs ralentissent (ex. Spironolactone) ou freinent complètement (ex. Lupron) la puberté et donc retardent ou empêchent l’arrivée à maturité des spermatozoïdes.

Toutefois, les bloqueurs n’affectent pas la possibilité d’atteindre la fertilité; leur effet est réversible. Un·e jeune qui a un pénis et des testicules retrouvera le cours normal de sa puberté de 1 à 6 mois après avoir cessé les bloqueurs. Il est donc possible qu’un·e jeune qui prend des bloqueurs choisisse de cesser de les prendre afin d’avancer sa puberté et ainsi avoir la possibilité de préserver sa fertilité. 

Une fois les spermatozoïdes arrivés à maturité

Généralement, la préservation de la fertilité est possible quand les testicules ont atteint un certain volume (10 et 12 millilitres; stade 3 de Tanner). Cette étape survient juste avant la mue de la voix et la poussée de croissance de la puberté. Évidemment, chaque puberté est différente d’un·e jeune à l’autre. Il est donc important de t’informer auprès de ton ou ta professionnel·le de la santé sur les options qui s’offrent à toi en fonction d’où ton corps en est rendu dans sa puberté. Pour les jeunes qui prennent de l’estrogène, il est important de savoir que ce traitement peut affecter la fertilité. En effet, une dose «adulte» d’estrogène peut réduire considérablement voire totalement cesser la production de spermatozoïdes.

Plus d’études seraient nécessaires pour évaluer le potentiel de fertilité à long terme pour les personnes ayant arrêté définitivement la prise d’estrogène. 

Comment est-ce que ça fonctionne la préservation de la fertilité en tant que tel?

Le processus de préservation consiste à se masturber en clinique et à éjaculer dans un contenant stérile. Pour les jeunes qui ne désirent pas se masturber, il existe d’autres méthodes (plus invasives, néanmoins) pour prélever les spermatozoïdes.

Ensuite, le spécimen de sperme est congelé et préservé à la clinique de fertilité pour pouvoir l’utiliser dans le futur. Lorsque la personne veut utiliser ses spermatozoïdes quelques années plus tard, ils seront décongelés pour être utilisés dans un processus de procréation assistée (insémination intra-utérine ou fécondation in vitro). Le taux de survie des spermatozoïdes durant la congélation et la décongélation dépend de certains facteurs comme la quantité de spermatozoïdes prélevés, leur maturité et la durée de conservation.

Plus d’études seraient nécessaires pour savoir si la congélation des spermatozoïdes au-delà d’une dizaine d’années a autant de chance de fonctionner que durant les dix premières années.

Depuis 2021, la RAMQ couvre la plupart des frais liés à la préservation des gamètes et de la fertilité pour les personnes trans. Pour les personnes ayant un pénis et des testicules, les frais suivants sont couverts:

  • Le ou les prélèvements de sperme ou de tissus des testicules;
  • Le lavage séminal;
  • Les services de base de fécondation in vitro et de culture d’embryons (incluant l’assistance à l’éclosion embryonnaire ainsi que la micro-injection de spermatozoïdes);
  • La conservation des embryons et des gamètes pour une période de 5 ans (dans le cas d’une personne âgée de 20 ans et plus au moment du prélèvement) ou jusqu’à l’âge de 25 ans (dans le cas d’une personne âgée de 19 et moins au moment du prélèvement). Il est tout à fait possible de conserver ses gamètes plus longtemps, mais c’est aux frais de la personne.

Pour ce qui est des femmes trans, c’est beaucoup moins compliqué. C’est littéralement [réfléchie 6 secondes], si je peux être grossière, à la clinique on te met dans une pièce où tu… ouin. Dans un tube. Et iels les f**** congèlent! [rires] Et tu payes un loyer à tes spermatozoïdes [rires]. 

Naomi (IG femme trans), 21 ans

Il n’y a pas vraiment de raison. C’est juste que j’aimerais avoir des enfants. Je pense que ça me ferait du bonheur, encore plus, dans ma vie.

Lucia (elle), 12 ans

Je pense que quand on commence une transition – surtout quand on commence – on a de la difficulté à se projeter dans l’avenir lointain et de voir qu’il y a une vie de l’autre côté de la transition. Parce que pour un certain temps, ça va être toute ta vie. Moi, je sais bien que… Surtout la première année et même la deuxième année: toute ma vie, c’était la transition. […] Que c’était vraiment un élément central dans ma vie et que j’avais de la difficulté à me projeter dans l’avenir. C’était juste dans le moment présent, de devoir régler tous ces aspects-là de changement légal, de devoir assurer que j’ai la bonne dose avec mes médicaments, de chirurgies, de laser aussi. Et puis aussi, […] le fait-même que ces gamètes soient utilisés pour concevoir un enfant, ça peut aussi être une source de dysphorie.

Fawn (elle/féminin), 23 ans

Organismes communautaires qui offrent du soutien

Les services et le niveau de connaissance sur la préservation de la fertilité varient d’un organisme à l’autre. Aussi, cette liste est loin d’être complète! Il y a plusieurs organismes qui offrent des services aux jeunes trans dans plusieurs régions du Québec. Tu peux consulter ce répertoire pour trouver un organisme dans ta région.

JIC est un organisme qui soutient l’affirmation des jeunes trans, non-binaires, créatif·ves et fluides sur le plan du genre au sein de leur famille, de leur école et de leurs communautés. Que tu sois un·e jeune trans ou le parent d’un·e jeune trans, tu peux contacter JIC pour poser tes questions, pour avoir du soutien ou pour rencontrer des gens qui ont une réalité similaire à la tienne.

jeunesidentitescreatives.com

Interligne est un organisme qui contribue au mieux-être des personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres par des services d’écoute, d’intervention et de sensibilisation. Tu peux contacter Interligne 24h/24h pour poser tes questions et recevoir du soutien par téléphone ou par clavardage.

1-888-505-1010
interligne.co

Trans Lifeline est un organisme nord-américain multilingue qui relie les personnes trans au soutien communautaire et aux ressources dont elles besoin pour survivre et s’épanouir. 

1-877-330-6366
translifeline.org 

Trans Estrie est un organisme qui soutient les communautés trans et non-binaires de l’Estrie en créant des services qui leur sont destinés et en représentant leurs intérêts auprès des institutions, organismes et établissements de la région afin que leurs services soient adaptés aux réalités trans et non-binaires. Trans Estrie propose aussi la plateforme transitionner.info, un site internet qui explique les différentes options de transition médicale au Québec.