Préserver ou non sa fertilité

Processus de préservation de la fertilité

Quelques questions que je peux poser à mes professionnel·les de la santé concernant la préservation de la fertilité.

  • Est-ce que ma puberté est suffisamment avancée pour préserver mes gamètes? Si non, qu’est-ce que ça implique de les amener à maturité?
  • Combien de temps devrais-je attendre avant de commencer mon traitement hormonal (prise d’estrogène ou de testostérone) si je souhaite préserver ma fertilité?
  • Quels sont les services de préservation de la fertilité qui sont couverts par l’assurance santé? Lesquels ne le sont pas?
  • Est-ce qu’un service de préservation de fertilité est disponible dans ma région? Si non, lequel est le plus proche?

Est-ce que je suis prêt·e à faire ce processus?

Et là, je tombe sur la clinique [Nom de la clinique de fertilité]. C’est celle à laquelle j’ai finalement décidé d’aller. […] Et eux, ils avaient l’air organisé, ils étaient spécialisés là-dedans. Il y avait même une partie d’informations pour les personnes transgenres sur leur site. J’étais comme «Ah! C’est très intéressant!» [Rire]. C‘était genre: «Préservation de la fertilité chez un homme trans et une femme trans». Déjà qu’il l’avait sur le site, c’était intéressant. Bon, ce n’était pas pour ça régulièrement, c’était vraiment plus pour les couples mariés qui veulent avoir un enfant. Mais ce n’est pas grave. Ils l’avaient dit sur leur site, donc c’était un bon signe [rire]. J’ai bien aimé ça…

…Moi, mes étapes, dans le fond, c’est: j’ai eu ma rencontre, j’ai eu des informations sur où aller voir pour préserver ma fertilité. Ça, c’est comme la première étape. C’est d’aller rencontrer quelqu’un qui va m’expliquer… Me l’expliquer. Comme je te dis, ils ne me l’ont pas vraiment expliqué. Ils m’ont donné une feuille avec quelques infos [rires]. Ça, c’est ma première étape. Deuxième étape, c’est la recherche de l’endroit. Moi, j’ai appelé à l’hôpital et j’ai appelé une clinique. J’ai trouvé, c’est bon. Deuxième étape, on peut y aller. Troisième étape, ç’a été avec une clinique, où ils nous ont donné qu’est-ce qu’il fallait faire avant de pouvoir aller faire des dépôts. Ça, c’était la prise de sang pour détecter si j’avais des MTS. (Note de l’équipe de recherche: on parle ici d’infection transmissible par relation sexuelle et par le sang) […] Donc là, ça, c’est la deuxième étape. Prise de sang faite. Là, prise de rendez-vous à la clinique pour aller faire un premier dépôt. Ça, je te dirais que la première étape, c’est la même étape que les deux dépôts. Elle m’a dit: «OK, on a fait sept paillettes. En considérant ça, en ayant ça, vous pourriez avoir un enfant et demi, environ» [rire]. «OK, je vais aller faire un autre dépôt pour pouvoir en avoir deux ou trois biologiques». OK. Ça, c’est fait, c’est bon. Les trois démarches… Moi, je te dirais que c’est comment je l’ai fait. Trois grandes étapes.

Juliette (elle/féminin), 15 ans

Donc oui, je suis allée faire congeler mes gamètes et… Bon, ce n’était pas la meilleure expérience parce qu’on m’a mégenrée tout au long. Et l’environnement, ce n’est pas ce qu’il y a de plus… accueillant, quoi. Mais la raison principale pour laquelle j’ai fait ça, c’est vraiment pour prouver à mon médecin que j’étais bien willing. Il y a quelques années où… Il y a eu des prêts associés à ça, parce que ce n’était pas couvert par la régie d’assurance-maladie. Là, ça l’est. Pour un certain temps, je crois que c’est cinq ans, après, il faut que tu paies. […] C’est juste qu’on m’a mégenrée tout au long du processus et puis… [long silence] Ensuite, le fait qu’on me dise qu’il fallait que j’aille dans une chambre et qu’il fallait que je me masturbe, ce n’est pas nécessairement… Je pense que sur la chambre, c’était indiqué «Pour les Messieurs» et il y avait une télé qui jouait de la porno très, admettons, classique! Ce n’était pas nécessairement le plus accueillant…

… Mais en même temps, je pense que c’était aussi impossible de complètement ôter la dysphorie associée à ce processus. Je pense que peu importe ce qu’on fait, il va toujours y en avoir un peu. Mais c’est sûr qu’admettons, il n’y a vraiment aucune démarche par rapport à ça… Le personnel n’arrivait pas à comprendre pourquoi je voulais préserver mes gamètes.

Fawn (elle/féminin), 23 ans

Le traitement doit vraiment être difficile moralement, physiquement, parce qu’on va jouer dans tes hormones. Ça ne doit pas vraiment être une expérience agréable. J’ai beaucoup de respect pour les personnes qui décident de le faire malgré tout […]. Plus tard dans ma transition, j’ai fait des recherches par rapport à la préservation de la fertilité […] j’aurais dû arrêter ma transition hormonale et j’aurais dû prendre des hormones pour produire plein d’ovules en même temps. Ça n’a pas l’air très reposant pour le corps. Donc j’ai fait [rire]: «Ouais… non.»

Alix (il/they), 16 ans

On est dans les terres agricoles. […] La transition de [Nom de l’enfant] demandait beaucoup de déplacements. Pour avoir droit aux soins… bien… pour avoir droit… pour avoir accès aux soins, il fallait que je me déplace soit à Montréal ou à Sherbrooke.

Véronique (parent)

Par où commencer pour préserver ma fertilité?

La première étape est de demander à ton ou ta professionnel·le de la santé quelles sont les options qui sont disponibles pour toi dans le réseau de santé public et dans les cliniques de fertilité de ta région.

Sache que depuis le 15 novembre 2021, la RAMQ couvre, pour toutes les personnes trans, la plupart des frais liés à la préservation des gamètes et de la fertilité. Tu as donc accès à ce service gratuitement via le réseau public de soins de santé. Par contre, le processus administratif entourant la préservation de la fertilité n’a toujours pas été mis en place. Cet enjeu bureaucratique constitue donc une barrière d’accès importante.

Tu as aussi l’option d’utiliser les services d’une clinique de fertilité privée. Les coûts des services privés varient d’une clinique à l’autre.

Quelles sont les autres options qui s’offrent à moi pour devenir parents?

 

Organismes communautaires qui offrent du soutien

Les services et le niveau de connaissance sur la préservation de la fertilité varient d’un organisme à l’autre. Aussi, cette liste est loin d’être complète! Il y a plusieurs organismes qui offrent des services aux jeunes trans dans plusieurs régions du Québec. Tu peux consulter ce répertoire pour trouver un organisme dans ta région.

JIC est un organisme qui soutient l’affirmation des jeunes trans, non-binaires, créatif·ves et fluides sur le plan du genre au sein de leur famille, de leur école et de leurs communautés. Que tu sois un·e jeune trans ou le parent d’un·e jeune trans, tu peux contacter JIC pour poser tes questions, pour avoir du soutien ou pour rencontrer des gens qui ont une réalité similaire à la tienne.

jeunesidentitescreatives.com

Interligne est un organisme qui contribue au mieux-être des personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres par des services d’écoute, d’intervention et de sensibilisation. Tu peux contacter Interligne 24h/24h pour poser tes questions et recevoir du soutien par téléphone ou par clavardage.

1-888-505-1010
interligne.co

Trans Lifeline est un organisme nord-américain multilingue qui relie les personnes trans au soutien communautaire et aux ressources dont elles besoin pour survivre et s’épanouir. 

1-877-330-6366
translifeline.org 

Trans Estrie est un organisme qui soutient les communautés trans et non-binaires de l’Estrie en créant des services qui leur sont destinés et en représentant leurs intérêts auprès des institutions, organismes et établissements de la région afin que leurs services soient adaptés aux réalités trans et non-binaires. Trans Estrie propose aussi la plateforme transitionner.info, un site internet qui explique les différentes options de transition médicale au Québec.